Le cri de la mouette : un plaidoyer vibrant pour la reconnaissance de la langue des signes

Le cri de la Mouette - Emmanuelle Loborit (Ed. Pocket)

Je viens de terminer une lecture marquante que j’aimerais partager avec vous. C’est un livre que j’ai découvert dans une boîte à livres : Le cri de la mouette d'Emmanuelle Laborit.

 

Ce récit autobiographique raconte l’histoire d’Emmanuelle, née sourde profonde – elle insiste sur ce terme, refusant celui de "malentendante". À 7 ans, grâce à son père, elle découvre la langue des signes, une véritable renaissance pour elle.

 

Cette langue lui permet enfin de communiquer pleinement, de s'exprimer, et de se comprendre. Ce moment est pour elle une seconde naissance.


Ce livre m’a profondément touchée, car il met en lumière la lutte que mène Emmanuelle pour que la langue des signes soit reconnue et enseignée.

 

Jusqu’en 1991, en France, cette langue était interdite dans les écoles. On forçait les personnes sourdes à lire sur les lèvres et à produire des sons qu’elles ne pouvaient même pas entendre. Cette méthode rendait la communication particulièrement difficile et souvent incomplète. J’ignorais l’ampleur de cette interdiction, et cela m'a bouleversée de comprendre à quel point la reconnaissance de la langue des signes est cruciale pour les personnes sourdes. Je ne sais pas quelle est la situation en Belgique à cet égard.

Il y a quelques années, à Fernelmont, des cours de langue des signes ont été proposés, initiés par les parents d'une petite fille sourde afin de permettre à un maximum de personnes de communiquer avec elle. À l’époque, je n'avais pas saisi l’importance de cette langue et n'avais pas pris la peine de suivre ces cours. Aujourd’hui, après la lecture de ce livre, je réalise combien il est essentiel de pouvoir s’exprimer dans sa propre langue et de respecter cette culture, à la fois riche et trop souvent méconnue.

Grâce à Pierrick, j’ai appris quelques signes qu’il avait lui-même découverts à l’école. Je me souviens aussi d’un spectacle de fin d’année à  son école d’enseignement spécialisé Saint Lambert à Bonneville, où tous les élèves avaient interprété "ensemble" de Pierre Rapsat, tout en la signant. Rien que d'y penser, j'en ai encore des frissons.

Un autre souvenir marquant de cette culture : grâce à Laure Fiasse, psychologue, j’ai eu l’opportunité d’animer un atelier de yoga du rire pour des personnes sourdes dans une entreprise de travail adapté (ETA). Une personne traduisait mes consignes en langue des signes. Cet atelier reste gravé dans ma mémoire, car il m’a rappelé que, malgré les barrières linguistiques, le rire est un langage universel qui nous relie au-delà des mots.

 

Ce livre m’aura permis de mieux comprendre l'importance de la langue des signes, non seulement comme un outil de communication, mais aussi comme un vecteur d'identité et de culture. Cette expérience m'a ouvert les yeux sur la richesse de la communauté sourde et la nécessité de défendre ses droits.


Le cri de la mouette est un puissant appel du cœur, où Emmanuelle Laborit livre un témoignage poignant sur son parcours et son combat pour transformer notre perception des personnes sourdes. C'est également un plaidoyer en faveur de la reconnaissance de la langue des signes française (LSF) comme une langue à part entière.

Le cri de la Mouette - Emmanuelle Laborit (Ed. Pocket)


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